Beaucoup de nos membres ont associé dans leurs commentaires les deux livres : le Dictionnaire et le livre sur les Soldats ; tel, ci-contre, l'extrait de la lettre de Pierre et Josette Chasseray (de la famille Dandieu de Cane) qui, habitant Vitry, n'ont pas pu être présents le 11 novembre.
De deux lettres de Maurice Piquemal, originaire du Prignou et habitant Montjoie, nous extrayons les passages suivants, relatifs au Dictionnaire :
«Je n'aurais jamais imaginé qu'il serait possible de réunir tous ces souvenirs qui sans cela auraient été perdus.
Merci aux anciens qui ont planché pendant 6 ans pour réunir toutes ces connaissances, si bien restées claires dans leur mémoire, et au chef d'orchestre qui a développé tant d'exemples et donné tant d'explications sur les nuances du langage biertois et l'origine des mots.
J'ai appris pourquoi certains prés ou bois que je parcourais dans mon enfance étaient nommés Bernère, ou Fajal, ou Touroun, Goutel, Rec, Moussoure, Carbonère, Serro, etc…
J'ai été étonné qu'un groupe si restreint de collaborateurs ait mémorisé tant de surnoms ou sobriquets en usage dans un petit pays…
[… …]
Tout cela me remet dans l'ambiance de ma langue maternelle que j'ai pratiquée jusqu'à l'école primaire et qui était exclusivement parlée à la maison.
Je m'incline devant ce travail colossal qui, avec un effectif 4 fois plus faible que celui de l'Académie Française a bouclé son dictionnaire en 4 fois moins de temps que celui qui se réalise sous la coupole…»
Et encore celui-ci relatif aux Soldats :
« Après avoir feuilleté rapidement le tome II des Soldats d'Ariège diffusé solennellement au cours des cérémonies du 11 novembre que vous avez organisées à Biert, et dont le souvenir restera ancré chez tous les participants, je tiens à exprimer mes remerciements et mes compliments pour le travail que vous avez mené afin de perpétuer la mémoire des années douloureuses de la "Grande Guerre" en Pays Biertois.
Vous avez rassemblé dans ces ouvrages avec minutie, rigueur, patience, persévérance, talent, une mine d'informations qui me rappellent les conversations échangées par les vétérans de "14" lors des "perbielles" du Prignou (pp. 227 et 231). Ils se rassemblaient le soir autour de la cheminée où le repas du cochon (à base de betteraves) mijotait dans la grande "oule" noire, tandis que j'étais censé faire mes devoirs d'écolier sur la grande table de la cuisine à la pale lueur du "luquet" à pétrole. Cependant j'étais plus attentif à leurs récits qu'à l'exercice scolaire. En particulier ceux de Janet de Jambès (p. 226), mon oncle, qui avait participé à la plupart des combats et avait traversé toutes ces années sans une égratignure, et aux commentaires de Juan de Radel (de Brozy) un des voisins assidu aux veillées. Tout cela se disait bien sûr dans le parler biertois dont le vocabulaire est désormais préservé dans le dictionnaire édité récemment par vos soins et l'équipe des "9". (Bravo !!)
J'ai beaucoup appris sur la famille de mon grand-père paternel Piquemal François Bel (d'où mon sobriquet) et sa parenté du col de Boulogne, sur mon oncle Jean (pp. 229 et 231) rappelé en Allemagne comme occupant, sur Jean Pierrou de Campfaba (pp. 137 et 366) que je connaissais bien comme associé maçon avec mon oncle Janet de Jambès.
Et j'ignorais que le quartier Brozy-Prignou avait été si durement touché par la guerre (p. 383). C'est un sujet dont on parlait rarement à la maison, à cause du souvenir de "Jordi" qui provoquait des crises de chagrin et de pleurs chez ma grand-mère plus de 15 ans après sa disparition à Verdun »
De tels témoignages sont un réconfort pour toute l'équipe associative qui, avec les auteurs des ouvrages, s'efforce de promouvoir la vie culturelle biertoise et maintenir vivante la mémoire collective.
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